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ALI/HERBERT OU QUAND UN « MOUHAMMAD » EN CACHE UN AUTRE 

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C’est en nouveau champion du monde des poids lourds en 1964 devant Sonny Liston que le jeune Ali fit la rencontre de Jabir Herbert de son vrai nom et est devenu plus tard Muhammad Herbert après sa conversion à l’islam.

À l’époque, photographe à Chicago, Herbert passionné de boxe se lie à jamais à celui qui était désormais pour lui un « frère ».
L’incroyable histoire d’amour commence à South side, dans les coulisses du studio de photographie de Herbert. Ali en séance de pose s’engagea dans une discussion passionnante avec son poseur du jour, très rapidement il fait une étonnante découverte. 


Comment un photographe censé plutôt s’intéresser à son domaine maîtrise pour autant les contours de la boxe moderne ? 
Étrange pour Ali qui surpris, observe attentivement le spectacle. Depuis le jeune âge, Herbert a une folle obsession du ring et de ce qui l’entoure « j’ai grandi à une époque ou les grands noms de la boxe étaient ceux de Joe Luis, Ray Sugar,Robinson… »clame t-il. Il rajoute  » j’ai surmonté mon désir de monter sur le ring mais jamais je n’ai surmonté mon désir d’aider ces grands pugilistes en dehors du ring…Je me disais que si j’avais l’occasion d’aider un boxeur digne de ce nom à tirer profit de ce qui l’avait poussé à combattre, j’essaierai de le faire. » 
Pour la première fois de sa jeune carrière, Ali était impressionné par un autre que lui même. Habitué à attirer l’attention sur sa personne, il voit le show lui échapper. Il venait de faire la connaissance avec son nouveau mentor.

À la sortie de cette échange, le « Grand » devenu  »petit » entrevoit de ne plus se séparer de son Herbert. La bénédiction de Elijah Muhammad et l’accueil chaleureux des  « onze managers » du groupe de Louisville auront eu raison de cette décision.

Herbert, le pugiliste de l’ombre.

Les années passèrent et la boxe entra dans une nouvelle ère où les exigences du haut niveau poussent plusieurs boxeurs à se professionnaliser davantage. Ali dans le besoin de maintenir son rang face à l’arrivée de cette nouvelle vague décide tout bonnement de se séparer de ses  » onze managers », des commanditaires du groupe de Louisville pour cheminer avec son Herbert. 

Dès lors, l’ancien photographe élevé au titre de manager chamboule complètement le quotidien du champion. « Ton rôle c’est d’être le champion en ce qui concerne tout ce qui touche le ring… Moi je me charge de t’amener l’argent qui t’est dû. » 

Ali vient de se trouver son maestro, celui qui préparera son terrain de chasse comme personne, ses paroles, son image et ses déplacements attisent  dorénavant toutes les convoitises. Ali maître dans les mots, omniprésent dans les médias et impériale sur le ring, construit son succès sur une culture de la gagne élaborée astucieusement avec son entraîneur. 

En onze années de compagnonnage, le duo réussit à glaner plus de $27.000.000. Comparé au $2.300.000 obtenus avec ses compagnons de Louisville, le gouffre est énorme.

Cette incroyable  » success story » qui transcende les époques n’a rien avoir avec le hasard, elle s’est plutôt bâti sur une extrême loyauté et une reconnaissance du travail de chacun. 

Toujours à l’affût d’une opportunité financière, Herbert a également soutenu Ali dans son combat contre la ségrégation raciale et son refus de participer à la Guerre Froide.

Une longue amitié qui se renforcera au fil du temps. Jusqu’au moment où ils quittèrent ce monde jamais personne ne put imaginer qu’à une période où la boxe vivait ses plus belles heures, que la réussite de son plus grand défenseur était en grande partie dû au génie d’un photographe.


Djibril Ba


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